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Endless Night

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.65/5

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Xavier Chanoine 3.5 Secrets -dévoilés- d'actualité
Junta 4 Ciné réalité.
Ghost Dog 2.75 Du qu’en dira-t-on
François 4.25 Portrait au vitriol des mentalités chinoises sur le sexe
Astec 3.75 Passe à ton voisin...
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Secrets -dévoilés- d'actualité

Pour être franc, il est difficile de s'attendre à quelque chose de bien précis, de bien concret lorsque l'on évoque le postulat de départ de Endless Night, docu-fiction réalisé par Pan Jianlin, qui propose ni plus ni moins qu'une succession de témoignages dont le thème est ciblé sur le viol d'une jeune femme, Guan Na, subit à l'âge de 15 ans. Le cinéaste se la joue mariole puisqu'il tente de faire croire par des moyens absolument déments la véracité des discours de chacun, évoqués avec un naturel oscillant entre confondant et trompeur, d'où ce drôle de sentiment une fois la projection terminée. Des chinois de Chine populaire de condition sociale très variée (la jeune chinoise dynamique dans l'air du temps, l'intello philosophe, le beauf, le diseur de bonne aventure) évoquent donc leur sentiment quant à cette affaire malsaine, sans aucune retenue quelconque, proposant des témoignages faits d'hypothèses et de points de vue purement subjectifs très souvent hilarants car une fois encore, sans retenue particulière. Leur franchise fait mouche et même si le caractère scabreux de certains témoignages peuvent provoquer une certaine indignation auprès des ligues catholiques ou autres bobos cinéphiles, il faut tout de même conserver l'aspect second degré en tête (qu'il soit justifié ou non) de l'oeuvre pour pleinement profiter d'un docu-fiction qui sort de l'ordinaire parce qu'il tente (une fois encore par tous les moyens, bons ou mauvais) de mettre en avant les pensées de chacun sans pour autant y porter un jugement, ce n'est pas le but du cinéaste, comme un interviewer qui se doit de garder son objectivité sous peine de ne pas avoir les réponses voulues.

Le documentaire est aussi particulièrement cohérent et bien construit, chaque partie étant dissociée de manière visible, découpée par les quelques passages montrant une Guan Na absolument meurtrie même des années après son viol, ce sont aussi les seuls moments véritablement noirs et poignants d'une documentaire qui se veut réaliste -trompeur?- d'où une possibilité de lectures assez conséquente. Certains témoignages frisent donc l'incorrect à plus d'une reprise, chacun disant ce qu'il a sur le coeur lorsqu'il est question d'évoquer le viol de Guan Na : auraient-ils aimer y participer? Le violeur avait-il des raisons qui justifient ce viol? Guan Na était-elle une débauchée? Et eux, qu'est-ce qu'ils pensent de tout ça? Auraient-ils préféré une tournante ou pratiquer le viol à l'abri des regards? Certains répondront que oui, au risque de déraper sans gêne dans la complaisance ultime pour que le cinéaste puisse scander haut et fort que les occidentaux ont tous une image différente de la "vraie" Chine populaire. A la fois absolument hilarant, sans doute très vrai, ce vrai/faux documentaire est une bouffée d'air frais marquante à plus d'un titre, saupoudrée d'une autodérision déconcertante (dans le bon et mauvais sens du terme) qui provoquera soit l'indignation la plus totale soit le respect du spectateur qui aura vu chez ce cinéaste une paire de cojones sorties bien à l'air, ou de manière plus "politiquement correcte", un joli pied de nez à l'encontre des bien pensants.



06 avril 2008
par Xavier Chanoine




Ciné réalité.

Basé sur un concept intéressant et casse gueule (une femme dévoile face caméra les abus sexuels qu'elle a subi depuis son plus jeune âge, sa narration étant entre-coupée d'interventions d'inconnu(e)s qui donnent leur avis sur les faits et extrapolent sur la suite des événements), Endless Night s'en sort très bien grâce à une actrice principale très convaincante et la liberté d'expression des intervenants. Déjà il faut savoir que cette docu-fiction est tirée d'une histoire vraie, de plus les commentaires de chaque intervenants sont également de vrais propos recueillis par le réalisateur... et là ça fait froid dans le dos ! Même si PAN Jialin a forcément gardé les avis les plus marquants et tranchés, leur analyse de la situation est tout simplement ahurissante. On se retrouve face à une société profondément machiste qui culpabilise et juge chaque acte féminin alors qu'il dé-responsabilise et cautionne l'acte masculin, même le pire...

Cette fiction réalité, forcément viciée par le choix des protagonistes, est extrêmement intéressante et enrichissante sur la pensée « générale » d'une société en pleine mutation (économique et culturelle du moins). Il faut tout de même bien garder à l'esprit qu'il y a forcément eu une sélection des témoignages. À noter que la dernière scène, l'unique séquence qui n'est pas un échange verbal et qui met donc en scène un acte physique, est complètement maladroite et casse la bonne tenue de l'ensemble. Dommage.



08 avril 2008
par Junta




Du qu’en dira-t-on

A la façon d’un cadavre exquis, Endless Night se construit, se fantasme et s’extrapole à partir de quelques éléments de l’histoire d’une femme bouleversée par des aventures sexuelles pour le moins ambigües. Des interlocuteurs triés sur le volet pour leur raisonnement machiste, à l’emporte-pièce voire pervers sont interviewés les uns après les autres, contribuant à créer une ambiance qui peut mettre mal à l’aise et provoquer un rire plutôt grinçant : aurions-nous répondu des choses plus censées et moins discutables à leur place ?

On pense à Mystérieux objet à midi pour la forme, à Sade pour le fond. Endless Night se distingue en tout cas sur 2 points : une excellente idée de mise en scène minimaliste quand on est fauché côté budget, et surtout une preuve éclatante que les langues se délient en Chine communiste du point de vue sexuel – même si certaines mentalités sont encore boursouflées de préjugés…



06 avril 2008
par Ghost Dog




Portrait au vitriol des mentalités chinoises sur le sexe

Docu fiction présenté sous la forme originale d'une alternance d'un témoignage d'une jeune femme et des commentaires de diverses personnes à son récit, Endless Night est par moment tout simplement ahurissant, tout particulièrement pour un film chinois. On connaît la censure locale pour tout ce qui touche au sexe. Ici le témoignage se focalisant non seulement sur le sexe, mais plus spécifiquement sur le viol, sujet d'autant plus tabou en Chine.

La structure du documentaire est fort réussie. Au lieu de simplement raconter une histoire à diverses personnes pour recueillir leur avis, le réalisateur a choisi une approche plus progressive: on dévoilé un bout de l'histoire, on recueille les commentaires. Et en laissant ses interviewés tenter de deviner la suite de l'histoire, Pan Jianlin les invite à révéler leurs pulsions personnels et à se révéler d'autant plus. Leur multiplicité (hommes, femmes, des différents âges) permet d'essayer d'apprécier les différences entre générations. Et si l'on s'imagine sans mal qu'un occidental soi mentirait soit refuserait de parler de la sorte à visage découvert, ici les témoignages à visage découvert sont en tant que tels la première vérité choc du film. D'autres suivent jusqu'à des commentaires ouvertement pédophiles qui soulignent bien le fossé entre la pensée occidentale et la pensée chinois dans ce domaine.

Pan Jianlin réussit donc à trouver une forme intéressante qui lui permet à la fois de tirer le meilleur de ses témoins et d'éviter l'ennui chez le spectateur. Pourtant les premières images tournées en DV en lumière naturelle laissaient craindre le pire, un documentaire à la forme très austère sur un sujet très difficile. C'est heureusement tout l'inverse ici pour ce documentaire choc.

06 avril 2008
par François




Passe à ton voisin...

Dans le genre film-docu Endless Night est édifiant et malin, édifiant dans son propos et malin dans sa mise en scène qui alterne opinions et "spéculations". Si l'image qui se dégage de l'ensemble ne vaut probablement pas comme vérité absolue de la question du viol en Chine (absences d'études chiffrées sur la question d'ailleurs) et de la place de la femme, si le réalisateur tord peut-être un peu trop le bâton dans un sens dans les témoignages (pas celui de la fille, le portrait "colle"), le fait même qu'il puisse le tordre autant est déjà une indication. Alors les témoins (ici incarnés par des acteurs) se livrent sans doute trop facilement et frontalement, mais savoir que peu ou prou dans la réalité ils ont tenu de tels propos, qu'ils sont des connaissances du réalisateur, laisse "songeur". Démarche sincère ou provoc', opportunisme ou engagement, le film ne permet pas de trancher quant aux motivations profondes de son auteur et le dernier plan n'y aide pas forcément : invitation qui marque une possibilité de guérison ? Répétition du processus, nouvelle situation de soumission pour la vicitme... ? A noter que Hans Zimmer est crédité pour la bande son mais elle est en fait tirée du film La Chute du Faucon Noir et n'a donc pas été composée pour l'occasion. Pour l'anecdote, au moment de Deauville 2008 PAN Jianlin avouait même qu'il avait demandé l'autorisation de l'utiliser mais n'avait pas eu de réponse. Une b.o pirate.

10 avril 2008
par Astec


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